13 - Trekking dans les Simien Mountains

Axoum, le 19 avril

Château-fort
Gonder est peuplée de jeunes désoeuvrés qui harcèlent les touristes, mais son patrimoine vaut le détour. Le château, construit avec l’aide des Portugais, donne l’impression de sortir tout droit de l’Europe du Moyen-Age.



Quant à l’église Saint-Georges, la seule épargnée sur quarante-deux brûlées par des envahisseurs soudanais au XVII° siècle, compte un magnifique plafond orné de figures d’anges, dont les grands yeux charmants sont occupés à compter nos péchés en vue du Jugement dernier.





Trekking dans les Simians
Toutefois le grand truc de la région, ce n’est pas Gonder mais les Simien Mountains. Selon certains, il s’agirait du plus beau parcours de randonnée au monde. Je file donc attraper mon bus pour la ville de Dayparc, la ville de départ, à la gare routière par laquelle transite également le bétail. En attendant le départ de mon bus, je vois par la fenêtre une scène qui me rappelle à quel point il ne fait pas bon être un animal dans ce pays. Un berger tente de faire avancer sa chèvre, alors que sa patte arrière est brisée net. Il insiste et insiste encore, sans méchanceté mais sans aucune compassion, regardant sans broncher la patte désarticulée se tordre contre le sol jusqu’à ce que la chèvre se couche sur le côté pour se soustraire à la douleur. Alors finalement, il la prend par les pattes arrières et la manœuvre comme une brouette.
Bref, j'arrive à Dayparc où j’organise l’expédition avec deux jeunes biologistes américains qui viennent de passer un an dans un autre massif montagneux d’Ethiopie à observer des babouins gelada. Un an sous la tente, qu’il pleuve ou qu’il vente, sans se laver pendant des semaines, à noter consciencieusement tous les faits et gestes d’un groupe de singes. Deux allumés.



Nous gagnons le camp de base en voiture, passons la nuit sous la tente et partons le lendemain matin, flanqué de deux gardes armés de kalashnikov (je me demande toujours pourquoi), après avoir confié nos tentes et la nourriture à une mule. Nous cheminons le long d’une crête donnant sur une extraordinaire succession de montagnes, de canyons, de falaises et de précipices, vestige d’une intense activité volcanique.











Tout au long de la marche, nous croisons sur des plateaux d’herbe jaune des chevaux aux flancs maigres marqués par les coups, des ânes couverts de cicatrices visiblement plus résistants aux mauvais traitements, des vaches pas bien grasses non plus et des dizaines de babouins gelada beaucoupp plus en forme.







Tout ce petit monde se partage sans problème le même territoire. Les babouins sont près de 4000 dans le parc et, comme ils ne sont pas farouches, on peut s’en approcher à quelques mètres. Mes deux biologistes m’expliquent qu’ils évoluent par groupes de quatre ou cinq femelles pour un mâle, me montrent les femelles enceintes ou qui sont prêtes à le devenir, ainsi que les manœuvres d’approche des mâles célibataires, m’interprètent les gestuelles et les sons des uns et des autres, c’est passionnant.



Et mon confort ?
Mais ça, c’est la partie sympa de l’histoire. En regardant la chose sous un autre angle, il faut marcher 20 km par jour en avalant des séries de dénivelés épuisants qui nous trimballent entre 3000 et 4000 mètres d’altitude. Suivant le passage des nuages, il fait alternativement un soleil écrasant et un froid de canard attisé par une brise traître. Le soir, je dois me coucher dans ma transpiration sans prendre de douche, ce qui devient rapidement insupportable, d’autant que la crasse provoque une réaction allergique entraînant des démangeaisons qui m’empêchent de m’endormir. Et lorsqu’enfin j’y arrive, je suis réveillé par le froid glacial et l’humidité qui pénètrent sans problème mon sac de couchage taillé pour les pays chauds. Après avoir goûté aux hôtels les plus pouilleux de l’Inde, je me croyais capable de survivre aux pires conditions d’hébergement. En fait, je m’aperçois que je tiens à mon petit confort. Si bien que lorsque je croise une voiture au soir du troisième jour de montagne, je ne laisse pas passer l’occasion de regagner le monde civilisé.





Si cela vous dit d'en voir un peu plus, voici la vidéo que mes deux Américains ont tiré de leur semaine de trekking :

Aucun commentaire: