23 - Plein les yeux à Dubaï

Dubaï, le 10 août

Dubaïopolis
On dit souvent que le premier indicateur du statut d’un pays est donné par son aéroport. Si c’est bien le cas, Dubaï est en train de renvoyer la France dans le Tiers Monde. L’endroit est immense, avec des lignes amples et pures, magnifiquement éclairé et très fonctionnel. Et effectivement, la ville est à son image : neuve, démesurée, avec d’immenses avenues à six voies sur lesquelles ne roulent que des voitures neuves, des trottoirs parfaitement propres, des murs immaculés, des buildings en construction qui succèdent à d’autres buildings en construction, et de temps en temps une mosquée devant laquelle papote une poignée d’hommes dans leur éclatante djellabah blanche.



Avec mille mètres de hauteur, cet immeuble sera bientôt le plus haut du monde.



Et voici l'emblème de la ville.



Une ville sans âme
Ces fidèles sont à peu près les seuls locaux que je croise durant mon tour de la ville en taxi. Dans le quartier commerçant d’Al Ras, que j’arpente à pied, seuls les Indiens, les Pakistanais et les Nigérians portent des colis, vendent des ordinateurs et montent la garde. « C’est vrai, depuis le début du boom économique, on attend toujours de voir les habitants de Dubaï se mettre au travail », sourit dans sa moustache un pharmacien indien. Mais il y a une chose plus étrange encore, c’est l’absence de vie dans cette gigantesque résidence surveillée. Pas un bistrot, d’accord, mais pas un salon de thé non plus pour se poser, discuter et regarder les gens vivre. Et quelle vie, d’abord ? Ce n’est bien sûr qu’une impression fondée sur une visite de quelques heures, mais il semble qu’à Dubaï, les gens ne vivent pas, ils travaillent. Dans les immeubles d’affaires, dans les shoping malls, dans les boutiques, dans les taxis, ils font de l’argent. Les immigrés l’envoient à leur famille, mais les locaux, eux, doivent en jouir chez eux, dans leur palais climatisé. Bien sûr, cette ville aussi riche que morte me glace le sang. Mais je dois reconnaître aussi qu’elle en jette. Quand tant d’autres métropoles entretiennent le même patrimoine depuis des siècles, les bédouins de Dubaï profitent du vide offert par le désert pour lancer des projets architecturaux d’une audace ımpressıonnante qui marqueront assurément leur temps. Il n’empêche que lorsque je m’envole pour l’Iran et sa civilisation multimillénaire, je me sens soulagé.

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